L’avis de Victor sur La Ballade de Buster Scruggs
Le mois de Septembre 2018, c’était « Coups de Feu à O.K Chronologie des médias » lors de la dernière Mostra de Venise. Plusieurs films estampillés Netflix ont ainsi été présentés (et récompensés), provoquant de nombreux duels sanguinolents entre les exploitants des salles, le président du Festival, Netflix et les auteurs. Parmi tout ce bon monde, les frères Coen ont débarqué, prêts à dégainer leur nouvelle production, La Ballade de Buster Scruggs. Outre le fait qu’il était destiné à ne sortir que dans très peu de salles dans le monde, le choix de retrouver cette production en Compétition Officielle était plutôt surprenant. Tout simplement à cause de la transformation en film de ce qui était pensé à l’origine comme une série télévisée. Pourtant, ce film à sketchs s’avère être redoutablement intelligent dans sa démarche sérielle.Comme dans un conte de fée adapté par Disney (ou alors Shrek mais chacun ses références), le film débute par un livre qui se présente à nous. Intitulé La Ballade de Buster Scruggs, il est ouvert par une main qui nous introduit à la table des matières, dans laquelle figurent les différentes histoires qui composent le film. La première nous raconte le parcours du personnage éponyme (joué par Tim Blake Nelson), un criminel simplet en apparence mais particulièrement dangereux. On le suit parcourant le désert à cheval, semant le désordre dans un village à coups de colts et de chants jusqu’à une issue fatale. Buster Scruggs expédié en à peine vingt minutes, les autres histoires vont ainsi répéter librement cette éternelle légende. Que ce soit un braqueur joué par James Franco ou des citoyens dans une diligence, nombreux sont ceux qui risquent de connaître le même sort que ce personnage.
On avait pu reprocher aux frangins ce côté film à sketchs non-assumé dans leur précédent film, Avé César. Bien qu’il s’inscrive dans la lignée du reste de leur filmographie, revisitant l’Histoire à travers le cinéma Hollywoodien, l’enchaînement de séquences avait un côté rebutant et plombait le rythme. Ici, les sketchs parviennent à captiver et, malgré un rythme parfois inégal, apportent une cohérence bienvenue à l’enchaînement. Ils s’assument pleinement afin d’explorer les clichés traditionnels du Far-West comme la ruée vers l’or ou la lutte entre les cow-boys et les indiens. L’Histoire pointe toujours le bout de son nez chez les Coen tout comme leur humour. On retrouve l’absurdité sanguinolente et cruelle des frangins tout au long de ces aventures. Ce qui n’est pas sans rappeler leurs débuts, avec Sam Raimi comme partenaire, multipliant les effets gores au service d’un humour bien corsé. Il suffit de voir comment la nonchalance de Buster Scruggs crée nombre de situations drôlement morbides.